أسْوَاقِــــــــكْ يَا مدَينتْنَــــــــا

Souk el Attarine:

Le souk el Attarine est sans doute l’un des plus beaux de la vieille ville, avec ses boutiques étroites et profondes. Chaque échoppe est un régal pour les sens, pour l’odorat d’abord, avec toutes ces fragrances un peu lourdes et sucrées. Les yeux y trouvent aussi leur compte, éblouis par une multitude de fioles multicolores, les cônes verts de poudre de henné et d’herbes à parfum.

Au 9 bis, Souk el Attarine, le fondouk a été réhabilité (je vous laisse juger de la rénovation) pour être la vitrine de l’artisanat authentique tunisien . C’est aussi un salon de thé, mais je vous conseille de pousser un petit plus la rando pour trouver un petit café plus sympathique et pittoresque.

Juste avant la mosquée Zitouna, sur la gauche, une grande porte cochère monumentale jaune indique l’entrée d’une ancienne caserne construite en 1810 par Hamouda Pacha pour servir de casernement aux troupes des janissaires. Elle fut par la suite utilisée comme prison. Ali III Bey ordonne la création d’une bibliothèque nationale, logée initialement au n°20 du Souk el Attarine, elle est ensuite transférée dans cette caserne jusqu’en 2005. Le bâtiment est en attente de restauration et est fermé au public. Il ouvre exceptionnellement ses portes lors de festivités (festival Dream City par exemple). J’y suis allé une fois mais sans l’appareil photo…

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Souk el Chaouachine:

En face des mausolées de Sidi Ben Arous et de Hammouda Pacha Bey, se trouve l’entrée du Souk El Chaouachine.

Ce souk a été construit par Mohamed Bey El Mouradi en 1693. À cette époque, ce sont les immigrés andalous qui importèrent la technique de fabrication de la chéchia (couvre-chef masculin en forme de calotte). C’était une véritable industrie au vu du nombre de corps de métier impliqués dans sa fabrication. Au début du XVIIème siècle, c’était déjà la première industrie du pays en termes de quantités écoulées ou exportées vers tous les ports du bassin méditerranéen. La chéchia est un bonnet en laine de couleur rouge en Tunisie et ornée, pour les plus luxueuses, d’un gland de soie bleue ou noire. Sa confection, qui exigeait plus de deux mois de travail, était segmentée en tâches telles que le tricotage qui se faisait à l’Ariana, la couture à Bab Souika, le lavage et le foulage à Tebourba sur le pont-barrage d’El Battan, la teinture à Zaghouan et enfin la mise en forme, le feutrage et la finition dans les ateliers des souks de Tunis. Ces travaux étaient effectués par des ouvriers et des apprentis (sanaa) alors que le patron (maalem) se tenait au comptoir pour accueillir la clientèle et les grossistes qui exportaient les chéchias principalement vers la Turquie, l’Algérie et l’Egypte.

Les matières premières étaient importées d’Espagne et d’Italie (laine), de France (cochenille), du Proche-Orient (la soie). Les fabricants étaient organisés en corporation, comme tous les autres métiers des souks. Le président du syndic était élu par ses pairs ou nommé par le bey régnant selon les époques, preuve de l’importance de cette activité pour la Tunisie. Il était d’office nommé président du syndic de tous les commerçants de la capitale. Son rôle était d’organiser la corporation, de recommander des prix moyens, de définir des standards de qualité et de régler les contentieux entre membres de la corporation ou avec les intervenants extérieurs comme les fournisseurs ou les négociants.

Vous pouvez parcourir les allées du souk, flâner devant les boutiques, ou vous arrêter au fameux café des Chaouachines. Le café Chawachin, qui date de 1692 et qui a pris le nom du souk des artisans qui l’entoure, a gardé une touche traditionnelle particulière. Les soirs de Ramadan, il est envahi par les Tunisois. Il prend alors des allures de « café chantant » : hadhra, chicha, café turc. La petite troupe de « mounchidine » au milieu anime l’ambiance. Tout le monde danse, assis ou debout ; difficile de résister à la tentation des chants soufis.

 

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